"Les mortes" de Jorge Ibargüengoitia
Titre original : "Las muertas"
Traduction de Dominique Fischer
(Paris : Gallimard, 1996)
Jorge
Ibargüengoitia (1928-1983) est Mexicain. Il est important de le
préciser parce qu'il est de ces auteurs dont l’œuvre se nourrit
d'un territoire : chronique ironique de la vie provinciale
dans Ces ruines que tu vois, récit satirique des
pages héroïques de la geste indépendantiste dans Les
conspirateurs ou interprétation irrévérencieuse de
l'épopée révolutionnaire... Ibargüengoitia a le don de tourner en
dérision les mythologies nationalistes et c'est un observateur
caustique de la société mexicaine. L'humour imprègne tous ces
livres même celui-ci au titre si peu amusant et édité dans la
collection Série noire de Gallimard !
Les mortes est inspiré d'un fait divers qui fit grand bruit au Mexique : Trois sœurs, les « Poquianchis », qui géraient en famille des cabarets et des maisons de passe, furent accusées d'avoir séquestré, maltraité et assassiné plusieurs femmes qui travaillaient pour elles. On s'imagine en lisant ce roman que l'auteur a suivi, avec un mélange d'humanité et de sarcasme, l'engouement du public pour cette affaire sordide. A-t-il suivi l'affaire elle-même pour en tirer les conclusions qui lui semblaient les plus humainement plausibles ? A-t-il voulu se moquer de la fiction que tissait la presse et les versions officielles? En tout cas, il déroule sous les yeux du lecteur incrédule et effaré la suite de corruptions, de bêtises, d'absurdités, de cruautés et de cynismes qui ont pu sceller le sort de toutes ces femmes.