"Bioy" de Diego Trelles Paz
Titre original : Bioy
Traduction de Julien Berrée
(Buchet Chastel 2015)
Les derniers romans du Péruvien Diego Trelles Paz, intitulés Bioy et La procession infinie font parties d'une trilogie que l'auteur consacre à la violence dans son pays. En effet, l'histoire contemporaine du Pérou est marquée par des régimes autoritaires et, dans les années 1970, par un mouvement armée révolutionnaire violent, le Sentier Lumineux. Le roman Bioy permet de recomposer une histoire contemporaine de la violence au Pérou et questionne la mémoire historique en post-dictature alors que des archives sont détruites et des preuves effacées. La première partie du roman raconte une session de torture dans les années 1980 et l'élimination méthodique des bourreaux dans les années 2000. L'aspect férocement hiérarchique du système répressif mis en place amène cependant parfois à prendre en pitié ces militaires dont on a fait des machines à tuer, envoyés souvent sans ressource en mission. Ils ont obéi et payé pour des gens qui maintenant encore jouissent de prestige.
La seconde partie se déroule dans les années 2000 et fonctionne comme un roman noir indépendant qui raconte l'infiltration d'un agent policier dans une bande de narcotrafiquant. Le chef de cette bande est Bioy, un des bourreaux de la scène initiale, ce chapitre montre comment la violence d’État a amené des gens à la délinquance.
La troisième partie met en avant la relation entre violence et mémoire. La quatrième et dernière partie permet de retrouver l'histoire qui jusqu'alors se présentait fragmentée. C'est un livre passionnant qui demande un lecteur motivé par les constructions complexes, le recours à différents codes d'écriture comme le blog, le carnet...