"Déraison" de Horacio Castellanos Moya
![]() |
| Trois femmes mayas conversant, le lac Atitlan au fond, 1980 |
Titre original : Insensatez
Traduit par Robert Amutio
(Les Allusifs, 2006)
Horacio Castellanos Moya est un écrivain et journaliste salvadorien né en 1957. Il a étudié dans diverses universités au Salvador, au Canada, au Costa Rica et au Mexique. Au Mexique, il a travaillé comme journaliste et il a écrit son premier roman, La diáspora. En 1992, il est revenu au Salvador mais, menacé pour avoir publié son roman El asco (Le dégoût), roman où il s'en prend furieusement à son pays, il est parti en Espagne puis de nouveau au Mexique. De 2004 à 2006, il a vécu à Francfort , invité dans le cadre du programme Cities of Asylum – Villes d'Asile – fondé par l'écrivain nord-américain Russel Banks. Actuellement il réside aux États-Unis où il enseigne à l'université d' Iowa et écrit pour la revue Sampsonia Way Magazine.
Déraison, publié en 2004, est son septième roman. Il met en scène un journaliste qui a fui son pays et qui arrive au Guatemala appelé par un ami pour passer en revue et ordonner un dossier de plus de mille feuillets sur le génocide souffert par les populations indigènes de ce pays. Cependant, les horreurs qui se sont déroulées ne sont pas le thème central du récit même si elles sont mentionnés et terrifiantes. Non, le récit est centré sur le personnage du journaliste qui, au fur et à mesure qu'il lit les feuillets, sombre dans la folie et connaît des moments de délire qui sont drôles même s'il s'agit d'humour noir. Cette folie transparaît directement dans l'écriture du roman car c'est le journaliste qui parle et il le fait avec des phrases très longues qui reflètent son délire et sa paranoïa.
Un aspect très émouvant de ce roman est que le journaliste prend note dans un carnet de phrases des Indiens survivants des massacres, des phrases qui retiennent son attention pour leur valeur poétique comme « Mes enfants me disent : maman, mon pauvre papa, où est-ce qu'il peut se trouver, le soleil peut-être passe sur ses os, la pluie et le vent peut-être passent, où est-ce qu'il peut se trouver ? Comme si mon pauvre papa avait été un animal. C'est cela la douleur... »
Il faut savoir que pour élaborer ce roman, Horacio Castellanos Moya a utilisé de véritables témoignages. Et, par ailleurs, s'il y a tant de tension dans l'écriture et le personnage du journaliste c'est que Horacio Castellanos Moya a écrit quand il devait lui-même aller travailler au Guatemala et cela lui faisait peur.
