« Une manière de mourir » de Mario Monteforte Toledo

Titre original : Una manera de morir

Traduit par J.-F. Reille

(Editions Gallimard, 1963)


Mario Monteforte Toledo (1911 - 2003) est un écrivain, sociologue et homme politique guatémaltèque. Il a eu une intense vie politique : député du Partido Unificado de la Revolución, représentant du Guatemala à l'ONU, vice-président de la République... suite à l'interdiction des partis politiques en 1956 dans son pays, il s'exila au Mexique pendant trente-cinq ans.

Ce roman date de 1957 et il nous plonge dans les tiraillements d'un militant, Peralta, qui voit son individualité et son sentiment personnel de la justice effacées par les directives du parti. Chargé de faire expulser d'un village son dirigeant local, accusé de déviationnisme, une fois accomplie sa mission, Peralta décide de quitter le parti...


« -Camarade, vous êtes accusé de déviation

Rueda ouvrit la bouche, sans savoir quoi dire. Il se mit à méditer, discipliné, conscient du fait que commençait un procès tortueux et plein d'embûches. De quoi voulait-on parler ? De ses lectures ? Mais le parti ne disait-il pas qu'on ne faisait jamais assez d'efforts pour savoir ? Etaient-ce ses discussions avec les paysans ? Ou la mission accomplie au nom du village, pour exiger de la municipalité qu'elle oblige don Tadeo, le propriétaire foncier, à retirer ses troupeaux de la source d'eau potable ? Ou alors sa discussion avec Ramiro ? Voilà : c'était peut-être ça qui était grave. Il lui avait dit que le fait dêtre membre du parti ne l'autorisait pas à frapper son voisin sous prétexte qu'il était plus riche que lui. Mais non : il y avait plusieurs mois de ça et le parti agissait vite. Depuis ses quatorze ans, sa vie était un exemple d'obéissance, de dévouement absolu, d'audace disciplinée, de joyeux oubli de soi-même »

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