« De loin on dirait des mouches » de Kike Ferrari

 Titre original : Que de lejos parecen moscas

Traduit par Tania Campos

(Editions Albin Michel, 2019)


Balayeur, syndicaliste et écrivain, l'Argentin Kike Ferrari offre avec ce roman noir au dénouement savoureux un portrait plein de sarcasme et de noirceur d'un parvenu arrogant, vulgaire et corrompu : le Señor Machi. Entrepreneur véreux qui a fait fortune sous la dictature argentine, homme de pouvoir qui n'hésite pas à user de méthodes expéditives, il a pour habitude de faire la loi. Alors, rien ne va plus quand il découvre dans le coffre de sa voiture un cadavre...

Les titres du roman et des chapitres sont tirés d'une encyclopédie chinoise apocryphe inventée par Borges dans la nouvelle La langue analytique de John Wilkins et où les animaux sont classés selon la nomenclature suivante :

a-Appartenant à l'Empereur

b-Embaumés

c-Apprivoisés

d-Cochons de lait

e-Les sirènes

f-Fabuleux

etc.

Un arbitraire absurde avec lequel joue cet excellent récit.


« Il s'approche de la roue crevée pour voir ce qui s'est passé. Trois crève-pneus dépassent de la roue éclatée. Il en arrache un et l'observe avec attention.

Je n'ai pas vu cette merde depuis la grande grève des tisseurs de l'usine. En quelle année, déjà ? 74, 75 ? C'était le gouvernement d'Isabel, en tout cas. Ces communistes à la con balançaient des clous pour nous empêcher de sortir.

Ce souvenir le met sur ses gardes. La bête de la paranoïa se réveille, Machi regarde autour de lui : ces clous ne sont pas arrivés là tout seuls, quelqu'un les y a mis. Et lui, avec sa caisse à deux cent mille dollars, est une cible facile.

Dans la boîte à gants se trouve le Glock .45 que lui a offert son ami Loco Wilkinson. Il le sort, vérifie qu'il est chargé et que la sécurité n'est pas enclenchée. Puis, le flingue pointé vers le sol et la bête de la paranoïa à l'affut, il avance vers le coffre pour prendre un chargeur de rechange.

Et alors l'histoire commence. »

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