"Électre à La Havane" de Leonardo Padura
Titre original : Máscaras
Traduit par René Solis et Maria Hernandez
(Éditions Métailié, 1998)
Leonardo Padura est un des meilleurs représentants de la littérature cubaine actuelle. Il s'est notamment fait connaître comme auteur de romans policiers avec une série qui a pour héros l'inspecteur Mario Conde. Électre à La Havane est le troisième roman de cette série.
Dans un parc de la capitale cubaine, le fils d'un diplomate cubain est retrouvé mort étranglé, vêtu d'une robe rouge. Enquêtant dans le milieu marginalisé des homosexuels, Mario Conde va être amené à remettre en question ses certitudes de macho cubain.
Au-delà de l'enquête, Leonardo Padura rend, avec ce livre, un hommage à une des grandes figures intellectuelles de l'île : Virgilio Piñera, poète, nouvelliste, romancier, auteur de théâtre, traducteur... qui, parce qu'il était homosexuel, fut écarté de la vie culturelle officielle de son pays.
« -D'abord, le déguisement proprement dit, qui s'inscrit dans la pulsion sans limite de la métamorphose, dans la transformation ne se réduisant pas à l'imitation d'un modèle réel, mais se précipitant à la poursuite d'une réalité infinie (et depuis le commencement du « jeu » acceptée comme telle). C'est une irréalité de plus en plus fuyante et inaccessible (être de plus en plus femme, jusqu'à dépasser la limite et à se retrouver au-delà de la femme...)
Ensuite, le camouflage, car rien ne peut assurer que la conversion cosmétique (ou même chirurgicale) de l'homme en femme n'ait comme finalité cachée une sorte de disparition, d'invisibilité, « d'effacement », de rature du macho au sein même du clan agressif, de la horde brutale des machos.
Enfin […] il y a l'intimidation, car le côté souvent exagéré ou démesuré des maquillages, le caractère ostentatoire de l'artifice, le masque bigarré, paralysent ou terrifient, comme il arrive avec certains animaux qui utilisent leur apparence pour se défendre ou pour chasser [...] »
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| Affiche d'Alphons Mucha |
